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Le Corbeau la suivit sur la passerelle en s'époussetant les vêtements, comme si Ranâ les avait salis pendant qu'elle le tenait par le cou. Quelques marins lui jetèrent un regard amusé, mais il les ignora. Une fois à bord, la passerelle fut aussitôt remontée. Le capitaine Ecuador arpentait le pont. Alors qu'il se dirigeait vers le quartier maître, il aperçut Ranâ. Il lui fit un salut de la tête, puis continua son chemin.

-Tout est prêt pour l'appareillage, monsieur Bishop?
-Tout est paré, capitaine.
-Alors, qu'est-ce qu'on attend? Partons au large!

Bientôt, le navire quitta le port. Il prit tranquillement de la vitesse, bondissant sur les vagues, le vent s'engouffrant dans les voiles. À l'horizon, le lever de soleil perçait le ciel et les nuages et le navire plongeait directement dans son centre. Ecuador se remplit les yeux de soleil et les poumons d'air marin. Il sourit.

Bientôt, Élisa entendit le bruit de l'eau frappant la coque du navire. Elle prit une grande inspiration et sortit du tonneau en silence. Elle attendit quelques instants avant de sortir, considérant ce qu'il était le mieux pour elle: sauter dans la gueule du loup (c'est à dire sortir à l'air libre sous les yeux de tout les marins) ou attendre tranquillement que le loup vienne à elle. Elle choisit la seconde option et s'assit sur le sol humide de l'entrepont. Elle prit un morceau de tissus et le fit jouer entre ses doigts. Combien de temps allait-t-elle devoir attendre ainsi à croupir dans ses miasmes et les rats? Elle l'ignorait. Elle chercha des yeux quelques choses pour occuper son esprit afin de ne pas penser à ce qui risquait de lui arriver si elle était découverte. Elle aperçut vite ce qui lui parut être un tonneau d'alcool." Parfait" se dit-elle. Elle rampa jusqu'à la forme et ouvrit le petit robinet de métal, y plaça sa bouche et engloutit l'équivalent d'un verre et demi. Elle finit par se resaisir en se disant qu'il valait mieux qu’elle ai toute sa tête lorsque les pirates la trouverait. Elle allât s'assoir dans un coin et attendit.

Le vent était chaud, le ciel dégagé et le soleil brûlait avidement. Ranâ avait accomplis toute ses tâches sur le navire et décréta qu'elle avait besoin d'une pause. Elle n'avait pas l'habitude d'être un simple marin et de ne pas avoir le commandement. Il fallait qu'elle soit patiente, une fois le trésor trouvé, elle ferrait mordre la poussière au capitaine Ecuador et à son Corbeau.
En attendant, elle avait bien besoin d'une bonne rasade de rhum ou de liqueur. Elle descendit donc dans la cale spécifique, et, alors qu'elle fit deux pas elle sentit posé sur elle l'ombre d'un regard. Méfiante elle posa doucement sa main sur la garde de son sabre et sonda l'obscurité de son regard

Élisa se figea, en alerte. Elle se recroquevilla dans l'ombre dès qu'elle aperçut Ranâ. Elle porta la main à sa cuissarde sur le manche d'une de ses dagues prête à se défendre en cas de besoin, même si elle n'avait aucune envie de livrer combat contre la femme en bleu.

Était-ce peut être l'expérience, mais Ranâ savait qu'elle n'était pas seule. Néanmoins elle se dirigea vers un tonneau, et se servit au goulot de bonnes gorgées de rhum. Puis, doucement, lentement, elle sortit son épée et la brandit dans un coin d'ombre.

- Sors de là, qui que tu sois !

Élisa rampa hors de l'ombre, les deux bras en l'air, le visage inquiet et faussement serein.
-Salut Ranâ...
articula-t-elle en essayant tant bien que mal de sourire.

- Oh non, c'est pas vrai...

Ranâ rangea son arme, roula les yeux aux ciels et fit demi tour.

- J'ai rien vu rien entendu ! dit elle avant de remonter vers le pont.

Un marin, qui voulait lui aussi prendre une rasade durant sa pause, descendit les escaliers vers la cale et tomba nez à nez avec Ranâ, qui voulait monter. Les deux s'arrêtèrent, puis l'homme perçut du mouvement derrière la femme. C'était une gamine. Il eut un moment d'incompréhension, puis il remonta à toutes jambes sur le tillac pour avertir le capitaine.

La jeune fille commença à paniquer mais se ressaisit. elle devait affronter la situation avec courage et dignité. Elle se leva, remontant ses jupons d'une main afin d'avoir une de ses dagues prête à être dégainée et attendit...

Ranâ, persuadé que le capitaine penserait qu'elle était de mèche avec la jeune fille, se précipita dans la cale. Elle sortit son sabre et le brandit face à Elisa.

- Tu as vraiment décidé de me pourrir la vie ! Qu'est ce que tu fais ici ?

Ses joues, d'ordinaire si pâle, étaient rouges de colère.