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Ranâ se releva, rangea son sabre et se tourna vers sa seconde. Voyant que celle ci n'avait pas l'air méfiante, elle se décida à accorder un peu de confiance à l'homme.

- Sache que je n'aime pas les mutineries, et lorsque ça arrive, je reste généralement la dernière survivante sur le bateau. C'est clair? Ensuite, nous partons pour un très long voyage surement plein de dangers. Tu n'as pas peur j'espère? Je compte régler son compte au capitaine, or si tu es un de ces ami, autant se battre maintenant plutôt que d'attendre une fourberie de ta part. Je te donne ta chance, rendez vous demain sur les docks, à la tombée de la nuit. Tenez vous prêt, bonne nuit.

Elle rajusta son tricorne et s'éloigna dans l'ombre.

L'atmosphère était devenu moins pesant, l'homme repris son ricanement histoire d'avoir l'air sur de lui,

-haha, je ne suis ni un mutin, ni un ami d'Ecuador, tu sais, la peur n'évite pas le danger, tel est ma devise, à demain aux docks, au faite, moi c'est Olivier.........Bonne nuit mesdemoiselles.

Élisa avait suivit la scène des yeux, intéressée, sans sans mêler pour autant. Depuis un moment, elle examinait l'homme, sûre d'avoir déjà vu son visage quelque part. Elle n'avait pas la prétention de le connaitre mais il lui était familier. Elle glissa une main sous ses jupons et la porta à sa dague. Elle avait une faible mémoire des noms et n'espérait pas éclairer ses souvenirs en lui demandant le sien. Elle était simplement curieuse de mieux connaitre cet homme qui l'intriguait.
-Olivier comment, monsieur?

Olivier baissa la téte, puis tout en regardant le sol, il prononça à voix basse.

-Mon nom est Hornigold.............

Puis Olivier se retourna il fit quelques pas lent, puis il s'arrêta, comme s'il s'attendait à une remarque de la part de la jeune fille.

-Hornigold... Votre nom me dit quelque chose...

Elle resserra sa vigilance. Ce nom, elle l'avait déjà entendu prononcé auparavant...

Suite à cette réplique, un frisson parcourra le corps d'Olivier, sans s'en retourner il porta sa main à son pistolet, puis sur un soupir, il dit sur un ton calme.

-Bien des gens doivent porter ce nom, allé bonne nuit jeune fille, nous aurons bien le temps de faire connaissance si périple se fait.

Puis Olivier s'en alla dans la ruelle obscure.

Élisa l'observa jusqu'à ce qu'il disparut, engloutit par les ténèbres. Elle resta un moment, pensive. Elle était comme hypnotisée par lui. Elle s'assit sur le sol, se recroquevillant sur elle-même et elle se sentit perdue. Il lui arrivait parfois de ne plus savoir où elle se trouvait et pourquoi elle s'y trouvait. Dans ces moments-là, une brise d'angoisse l'envahissait. La ruelle était sombre, elle était seule, elle était troublée et incapable d’esquisser le moindre geste. Une larme roula sur sa joue. Elle s'était pourtant donner de la peine pour la retenir, en vain. Elle ignorait également d'où venait cette tristesse soudaine. L'aventure l'attendait et cela aurait du la rendre heureuse mais cet homme avait réveiller une ancienne douleur. Elle se sentait abandonnée et elle avait mal. Son cœur se serrait. Mais elle devait faire preuve de lucidité et de courage. Elle se leva à contre-coeur,les membres tremblants et s'appuya contre le mur, tentant de se calmer. A présent, ce n'était plus du chagrin qui la bousculait mais de la rage. Elle se détestait d'être aussi faible. Elle frappa le mur de son poing et sembla être soulagée. Elle se laissa glisser le long du mur et ferma ses paupières. Elle songeait encore à l'homme cherchant inlassablement le passage de sa vie où elle avait entendu son nom. Bientôt, la fatigue l'emporta sur sa volonté de rester éveillée et elle s’endormit à même le sol, le crâne appuyé sur une caisse qui trainait...

Un grommellement se fit entendre, mais il paraissait si lointain...

-Allez, debout petite!
Élisa bougea à peine. Elle se croyait dans la cabine d'un grand vaisseau en des temps plus heureux.
-Réveille-toi! reprit sèchement la voix. Tu es sur ma caisse. Tasse-toi!

Sans autre avertissement, un homme poussa Élisa sur le sol, prit sa caisse et s'éloigna. La jeune fille resta plantée là un moment, interdite, extirpée ainsi de son sommeil. C'était le jour.

Une violente douleur lui prenait le dos. Elle se releva avec difficulté et se massa la colonne. La mémoire de la veille lui revint peu à peu. Elle se souvint de cet homme nommé Olivier Hornigold, de Tom et du message qu'il lui avait déchiffrer, de Ranâ. Elle retint une vague de chagrin qui allait de nouveau l'envahir et s'étira en regardant le ciel grisâtre entre les quatre grands murs de l'étroite ruelle où elle se trouvait. Quelque gouttes de pluie tombèrent sur son visage et la rafraichit, baissant d'avantage son morale. Elle retira ses petites chaussures qui lui meurtrissaient les pieds et les abandonna sur le sol ainsi que son corset beaucoup trop serré à son gout. Elle s'engagea hors de la ruelle en essuyant une furtive larme. Instinctivement, elle chercha du regard un visage familier...

Ranâ apparut à ce moment là. Elle sortait d'une échoppe et avait les bras chargés de victuailles et autres textiles... Lorsqu'elle vit Elisa, elle ne sembla pas remarquer son état et, avec un grand sourire, lui cria de venir la rejoindre pour l'aider. Tout doucement, elle lui exposa son plan.

- J'ai tout ce qu'il nous faut pour arriver jusqu'à la Tortue, on a assez de marins pour manœuvrer, il nous faut juste espérer qu'ils viennent tous ce soir ! Tu es prête? J'ai repéré un navire qui sera parfait ! Viens, je t'invite à boire une choppe !