Jean David NAU
dit François l'OLONNAIS le cruel

Jean David NAU dit François l'OLONNAIS le cruel
Nom Jean David NAU
Sobriquets l'Olonnais, l'Olonnois
Origine France, Les Sables-d'Olonne 1630, - Darien, 1669 (39 ans)
Né il y a ~394 ans, mort il y a ~355 ans
Coup d'éclat Prise de Maracaïbo et San Pedro
Navires ?
Fréquentations Michel le Basque
Fin de carrière Il fait naufrage puis est haché et mangé par des cannibales

   Tous les flibustiers sans exception, qu'ils soient Français, Hollandais, Anglais ou Indiens, sont unis inconditionnellement par leur haine de l'Espagne et de tout ce qui est espagnol.
   Les Espagnols avaient presque exterminés les Indiens, ils avaient fait preuve de tant de cruauté en Hollande, et voilà qu'ils voulaient, avec la bénédiction du Pape, être les maîtres uniques et incontestés d'un continent entier, incommensurablement riche. Pour ces raisons, les flibustiers se sentent moralement en droit de combattre les Espagnols pour leur reprendre l'or et l'argent qu'ils ont pillés et pour se l'approprier en bonne et due forme.

   Certains étaient poussé par une motivation extrêmement forte, comme Daniel Monbars, dit L'Exterminateur, Bartholoméo le Portugais ou encore Roche Brasileiro, dit Le Roc.
Mais l'un des capitaines flibustiers les plus connus, même si c'est pour les pires raisons, est le boucanier Jean David Nau, dit l'Olonnais, souvent nommé Lolonois ou même Lolona. Arrivé dans sa jeunesse, il avait dû subir les 3 années d'esclavage avant d'être admis dans la société des boucaniers.
Les années qu'il connaît alors dans la forêt, avec le danger permanent d'être fait prisonnier par les lanciers espagnols et d'être brûlé vivant, font naître en lui une haine sans limite contre les Espagnols.

L'Olonnais devient pirate...et cruel

l'Ile de la Tortue (Haïti)
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   Après plusieurs années de chasse, le jeune boucanier décide de prendre la mer comme flibustier.
Devenu pirate, l'Olonnais fait la preuve de son courage et de sa décision, si bien que le jour où le capitaine tombe au combat, on l'élit capitaine. Malgré plusieurs prises, il perd son navire dans une violente tempête. Toutefois sa réputation de capitaine corsaire lui permet, avec le soutien du gouverneur français de l'île de la Tortue (voir carte), d'armer rapidement une nouvelle unité.


L'Olonnais échappe à la mort...en se barbouillant de sang !

Campêche (Mexique)
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Après plusieurs bonnes prises, il fait naufrage avec son navire non loin de Campeche (voir carte). L'Olonnais avait acquis une telle réputation de cruauté vis-à-vis des prisonniers espagnols que tous les navires espagnols, toutes les villes combattaient contre lui jusqu'au dernier homme.
Lorsque les Espagnols le débusquent après le naufrage, ils abattent tout l'équipage. L'Olonnais n'échappe à la mort qu'en se barbouillant de sang et en se cachant sous des cadavres. Dès le départ des Espagnols, il revêt l'uniforme d'un Espagnol, gagne Campêche, convainc quelques esclaves avec lesquels il s'empare d'un canot et revient à la rame à l'île de la Tortue. Et de nouveau, l'Olonnais parvient, avec l'aide du gouverneur, à armer un nouveau navire. Tandis que les Espagnols fêtent encore leur victoire sur le pirate qu'ils craignaient tant, l'Olonnais guette déjà sur son troisième navire les galions espagnols devant La Havane.


La formidable prise de Maracaïbo

   C'est avec Michel le Basque, autre grand chef flibustier, que l'Olonnais entreprend en 1666 la première grande expédition de flibustiers contre le continent sud-américain. Les deux flibustiers réunissent pour cette campagne 8 voiliers et un corps de débarquement de 650 hommes sous leurs ordres. Sur le chemin de Maracaïbo, objectif de leur raid, ils prennent quelques bonnes prises, dont un grand voilier espagnol chargé de cacao et de 300 000 talers d'argent.

Maracaïbo (Vénézuéla)
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   Maracaïbo (voir carte) est située à l'extrémité du lac du même nom, au Vénézuela, relié par un étroit chenal à la mer. Le canal est défendu par un fort. L'Olonnais et le Basque débarquent leurs troupes hors de portée des canons du fort et le prennent d'assaut. Puis ils font route dans le chenal et attaquent la ville, qui comptait alors 4 000 habitants, et qui se défend âprement.
Alors qu'ils sont encore occupés à piller, les flibustiers apprennent qu'un détachement espagnol a été envoyé en renfort. L'Olonnais marche à la rencontre de cette troupe avec un groupe de 380 hommes, et les met en pièces non loin de la petite ville de Gibraltar. Les Espagnols perdent 500 hommes, tandis que les flibustiers n'en comptent que 40, et 30 blessés.
L'Olonnais passe 6 semaines dans la ville de Gibraltar, met la ville à sac et fait un riche butin. Mais une épidémie éclate dans les rangs des pirates, ils mettent la ville en feu et reviennent vers Maracaïbo, qu'ils mettent de nouveau à sac, cette fois radicalement. Le butin des flibustiers est de 260 000 pièces-de-huit et environ 100 000 couronnes d'objets de culte et de bijoux.

Après la prise d'une ville, pourquoi pas prendre un pays tout entier !

   Pour l'expédition suivante, l'Olonnais tente de dévaster et de piller un pays tout entier, le Nicaragua espagnol. Après son succès à Maracaïbo, il a tôt fait de rassembler 6 navires et 700 flibustiers. Le premier objectif de la campagne est le cap Gracia a Dios, mais la flottille est prise par la tempête et les courants poussent les flibustiers dans le golfe du Honduras. Ils décident de « nettoyer » les côtes du golfe, c'est-à-dire de les piller jusqu'à ce que le temps leur permette de poursuivre leur expédition.
Leurs victimes sont de petites agglomérations de pêcheurs de tortues, généralement des Indiens. En détruisant leurs cabanes, mais surtout en volant les canots, ils sapent les bases de l'existence de ces Indiens. Le butin des flibustiers est maigre, mais d'autant plus puissante la haine qu'ils éveillent chez ces hommes.

L'Olonnais fait preuve d'une grande cruauté

Gravure de l'Olonnais
L'Olonnais exerce contre les prisonniers espagnols la cruauté qui lui est usuelle...

   Leur première proie, de quelque importance, est un voilier espagnol armé de 20 canons, à Puerto Caballo. L'Olonnais se décide à marcher vers l'intérieur des terres. Il force des prisonniers à lui servir de guides vers la ville de San Pedro. La progression est difficile pour les flibustiers, non seulement à cause des obstacles naturels, mais aussi du fait des attaques incessantes des Espagnols qui ont été informés des projets de l'Olonnais. Au cours de cette marche, rapporte OExmelin, l'Olonnais exerce contre les prisonniers espagnols la cruauté qui lui est usuelle :
- « II avait pour habitude de tailler en pièces et d'arracher la langue aux personnes qui n'avouaient rien sous la torture. S'il l'avait pu, il aurait aimé procéder de même avec tous les Espagnols. Souvent, il arrivait que quelques-uns de ces malheureux prisonniers, sous la torture, promettent de montrer l'endroit où se cachaient leurs compatriotes avec leurs richesses. Ensuite, s'ils ne retrouvaient pas cet endroit, ils mouraient d'une mort plus cruelle que leurs camarades ».
OExmelin affirme même dans son livre que l'Olonnais ouvrit un jour la poitrine d'un Espagnol d'un coup de sabre et lui arracha le coeur encore palpitant.


Les conquêtes se font rares et difficiles...

San Pedro (Mexique)
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   Après une forte résistance des soldats espagnols, San Pedro tombe entre les mains des flibustiers. Mais la plupart des habitants se sont déjà enfuis, et ont eu le temps de mettre leurs biens en sécurité. Sans grand butin, l'Olonnais fait mettre le feu à la ville et revient à la côte, fortement affaibli. Bien que l'insatisfaction soit grande chez les flibustiers après cette longue période sans succès et très coûteuse en vies humaines, l'Olonnais, en faisant miroiter l'espoir d'une riche prise, parvient encore à conserver en main ses hommes.
Lorsque le navire espagnol attendu arrive enfin, après 3 mois, il s'avère que c'est un adversaire difficile, avec 41 bouches à feu et 130 hommes. Mais les flibustiers veulent leur butin et attaquent, téméraires. Tandis que les grands bâtiments prennent l'Espagnol sous leur feu, les flibustiers s'approchent de l'autre bord, répartis en quatre canots, et le prennent. Mais ni or ni argent, le navire espagnol est chargé de papier et d'acier.
Cette nouvelle déception est si forte que les flibustiers en perdent leur cohésion. Une partie de la troupe repart à la Tortue sous le commandement d'un nouveau capitaine élu, Vauquelin. Une seconde partie, sous les ordres de Pierre le Picard, poursuit sa quête de butin indépendamment, d'ailleurs avec peu de succès. L'Olonnais reste avec 300 hommes dans le golfe du Honduras, et attend des prises qui ne viennent pas. La chance a quitté le capitaine si heureux jusqu'ici.

La fin de l'Olonnais

Naufrage de l'Olonnais

   Il échoue son navire sur un banc de sable. L'équipage est affamé. Malgré tous les efforts (on débarque les canons et le gréement), le navire ne se remet pas à flot.
Pendant 6 mois, l'Olonnais doit se défendre contre les attaques incessantes des Indiens, puis, avec 150 hommes seulement, il atteint, à bord de barques à fond plat qu'ils ont construites, l'embouchure du Rio San Juan, qui mène au lac Nicaragua. Mais les Indiens et les Espagnols les repoussent.
Il continue à la voile le long des côtes du golfe de Darién. Descendu à terre pour trouver des vivres et de l'eau douce, il est fait prisonnier par les Indiens. Il s'agissait certainement de cannibales, puisque le récit d'OExmelin se termine par ces mots : « Ils le hachèrent par quartiers, le firent rôtir et le mangèrent ».

Le saviez-vous ?

L'écrivain américain John Steinbeck (« Des souris et des hommes », « Les Raisins de la colère ») a écrit une page sur le pirate l'Olonnais dans son roman « La Coupe d'or », son premier roman publié en 1929. En voici un court extrait :
« Les Espagnols auraient préféré rencontrer le diable sous n'importe quelle forme plutôt que de se trouver en présence de l'Olonnais. Le seul bruit de son nom dépeuplait les villages, et l'on affirmait que les souris se sauvaient dans la jungle à son approche. [...] Un jour où il avait particulièrement soif de sang, il ordonna de disposer sur un rang 87 prisonniers, pieds et poings liés. Puis il se promena le long de la file, tenant une pierre à aiguiser d'une main et un long sabre de l'autre, et coupa 87 têtes. »

Questions des internautes à propos de l'Olonnais